Le procureur général a diligenté une enquête suite à des “accusations graves” qui viseraient les deux avocats qui avaient prêté serment il y a une semaine. Le premier ne pourra pas poursuivre son stage pendant que le second ne plaidera pas le temps que la cour d’appel se prononce.
Abdou Moustoifa
Publié le mardi 10 mars 2020 à 10h
Décision prise. Le conseil de l’ordre a suspendu jusqu’à nouvel ordre les activités de Kaambi Mze Soilih et Gerard Youssouf Abdou. Le principal motif avancé par le bâtonnier, Ibrahim Ali Mzimba dans sa note en date du 5 mars est l’ouverture d’une procédure par le parquet général visant à solliciter l’intervention de la cour d’appel suite aux accusations graves visant ces deux avocats récemment inscrits au barreau de Moroni.
Le conseil a mis en avant l’éthique et le respect aussi du droit en prenant cette décision en attendant la fin de l’instruction a expliqué le secrétaire général du conseil de l’ordre, Me Youssouf Atick.
“Nous, conseil de l’ordre enregistrons les accusations graves à l’encontre du nouveau confrère Gerard Youssouf et de l’avocat stagiaire Kaambi Mze Soilih“, lit-on au début de ce document dont Al-watwan s’est procuré une copie.
Une première audience a eu lieu hier au cabinet du premier président par intérim près de la cour de Moroni d’après toujours Me Atick, qui a confirmé la mesure prise par les siens.
Annulation des serments
Dans sa requête, le procureur général souhaiterait l’annulation des serments du 28 février et la délibération du conseil de l’ordre N°05_2020 et le N°04_2020 du 17-02 2020 concernant Kaambi Mze Soilih et Gerard Youssouf Abdou. En tout cas c’est ce qui a été mentionné dans la convocation transmise au bâtonnier.
Gerard Youssouf qui était magistrat n’aura pas le droit de plaider en tant qu’avocat. Celui-ci était exempté de stage pour avoir exercé pendant plus de 5 ans conformément à l’article 25 de la loi de 2008 portant organisation de la profession d’Avocat en union des Comores.
Quant à Kaambi Mze Soule qui jouit seulement du statut d’avocat stagiaire n’étant ni docteur en droit avec une expérience de trois comme le veut la loi, encore moins un ancien magistrat, ne pourra pas poursuivre le stage entamé il y a une semaine.
La condamnation de Kaambi ?
Pour les accusations évoquées par le parquet général, il y a la condamnation de Kaambi. Dans un article du mensuel de Rennes du mois de novembre 2013, on y lit que Kaambi a été reconnu coupable d’une agression sexuelle et a écopé une condamnation d’un an avec sursis avec obligation de versement d’un dédommagent et intérêts de 1000 euros au profit de la victime.
Lors d’un entretien accordé à Al-watwan le 2 février, l’intéressé refusait de parler d’une quelconque condamnation. Il avait déclaré ceci ” Effectivement j’ai eu en France des accusations au sujet des relations que j’ai eues avec une personne tierce majeure. Mais cette affaire est close depuis 2013″ tranchait-il.
Le grief reproché à Gerard concernerait la non reconnaissance de sa démission. Jusqu’à présent on pense que sa démission n’a pas encore été acceptée. Voilà donc pour ce qui est des accusations en toile de fond selon le récit du secrétaire général du conseil de l’ordre.
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On se demande comment le conseil a pu intégrer ces personnes sans mener les investigations approfondies nécessaires. Kaambi qui affirme avoir déposé son dossier depuis 2017 aurait présenté un casier judicaire comorien. Lui qui a vécu en France pendant plus de 20 ans.
N’aurait-il pas fallu demander un casier judiciaire français ? Pour accéder au poste d’avocat il faut avoir un casier judiciaire vierge. ” Si erreur il y a eu, ça arrive à tout le monde. On apprend de nos erreurs. Je salue d’ailleurs l’acte salutaire du procureur général. Je regrette que les autres collègues ne se se soient pas constituer dans cette affaire pour apporter leurs avis sur ces cas qui se trouvent devant la cour d’appel“, a conclu Me Youssouf Atick. Ce dernier continue de certifier que Kaambi Mze a obtenu un master à l’Université Paris 13 sans nous le montrer.