Déficit des enseignants : Le primaire et le préscolaire sévèrement touchés

Certains professeurs se permettent une fois sur l’établissement dans lequel ils sont affectés, de se muer en administrateur au lieu de remplir leur mission principale qui est celle d’enseigner. L’île la plus touchée par ce manque criant d’enseignants est Ndzuani qui a enregistré pendant la rentrée de cette année un déficit de 223 enseignants

Photo prise sur internet

Les révélations faites par l’Igen sur les dysfonctionnements de système éducatif national se poursuivent. Et cette fois-ci, les inspecteurs pédagogiques ont mis en lumière un problème que l’on évoque moins à savoir le manque d’enseignants dans les établissements publics.

Du préélémentaire[ la maternelle dans les écoles privées] jusqu’au secondaire en passant par le primaire, le constat reste le même. Ces problèmes ont été constatés lors de l’enquête sur la rentrée 2019_2020 pendant laquelle, 3 333 enseignants étaient attendus dans les écoles préscolaires et primaires.

Pour les 193 établissement recensés à Ngazidja, les autorités ont envoyé 1 160 enseignants pour 36 820 élèves. 1117 sont en poste dont 55 bénévoles. Ce qui donne un déficit de 265 enseignants.

 Déficit de 54 enseignants dans les collèges

A Ndzuani, les 52 126 élèves sont obligés de se contenter des 1 477 enseignants en poste. Il leur faut encore 140 enseignants supplémentaires toujours au niveau du primaire et préscolaire. L’Île compte 533 bénévoles.  Mwali a besoin de seulement 9 enseignants. Les auteurs de rapport de l’Igen rappellent que ces problèmes d’enseignants dans le primaire ne datent pas d’aujourd’hui.

Lire aussi : Enseignement général I Les établissements publics se vident de leurs élèves

C’est un phénomène qui remonte aux années 90. Malheureusement tous les gouvernements qui se sont succédés à la tête du pays, n’ont jamais réussi à inverser la tendance regrettent-ils. Cette année, le ministère de l’Education en a affecté 2 448 soit 73.4%.

Toutefois, sur le terrain, ils sont 2913, donc un surplus de 465. La plupart d’entre eux sont des bénévoles pour le cas de Ndzuani. Au niveau de Ngazidja, ce surplus correspond aux enseignants pris en charge par les communautés. Pour l’enseignement secondaire, rien ne va plus.  

Il était prévu d’ailleurs d’envoyer dans les collèges publics 12 72 enseignants. 12 89 ont été affectés.

En dépit de ce chiffre, 338 bénévoles et contractuels apportent leur expertise dans les collèges (304 à Ndzuani, 28 pour Ngazidja et les 6 de Mwali). 54 enseignants manquent souligne le rapport.

Au niveau des lycées, les contractuels et les bénévoles sont 221. Il faut donc les recruter pour combler ce vide. Dans plusieurs établissements, ces bénévoles et contractuels assurent les cours. Certains ont une expérience de 5 ans.

Ruée vers les écoles privées

Le besoin en enseignant est estimé à 61 au niveau national. Les raisons qui expliquent ce déficit ne sont pas à chercher ailleurs clarifient les inspecteurs pédagogiques. ” Les enseignants affectés ne rejoignent pas leurs postes. Certains arrivent dans leurs établissements mais occupent d’autres tâches administratives. D’autres se trouvent dans les administrations insulaires ou centrales” pouvait-on lire dans la liste des causes identifiées.

L’école primaire Fundi Said Mnemoi , sise à Moroni

Pour y remédier, L’Igen propose la mise en place d’un certificat de prise de service qui sera co-signé à la fois par l’enseignant et le chef d’établissement. Ce document comportera le visa du coordinateur des inspecteurs.

Un autre motif évoqué qui a aussi sa part de responsabilité dans ce déséquilibre : La concentration dans les zones urbaines des enseignants. Procéder à une affectation d’un établissement à un autre ou une commune à une autre est devenu quasi impossible déplore le rapport.

Les écoles implantées dans les milieux ruraux sont les plus touchées par cette carence. La fuite des enseignants est le corolaire de la multiplication des écoles privées. Personne ne le nie. Reste à savoir, quand est-ce que l’Etat va enfin se réveiller pour sauver l’enseignement.  Si les élèves et les enseignants abandonnent les établissements publics que restera-t-il ?

By Abdou Moustoifa

Journaliste comorien exerçant à Al-watwan, le premier journal des Comores. Depuis trois ans ans, il se charge des ces deux rubriques : l’éducation et les télécommunications.

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