Réseau Qnet : Pourquoi le système attire tant les comoriens ?

Des familles toute entières ont participé à ce système dit de “vente directe” dont la principale condition de souscription est l’achat d’un produit qui coûte au moins 375 000 francs. On estime à plus de 10 000, le nombre de comoriens qui sont tombés dans le piège. L’enquête suit son cours.  

Abdou Moustoifa

Vendredi dernier, la police a interpellé plus de 200 agents de Qnet. Mais derrière ce coup de filet des policiers à l’issue duquel, les autorités ont annoncé l’enclenchement du démantèlement de ce réseau, s’est révélé aussi un système tellement ancré au sein de la société que personne ne semblait résister. Qnet est présenté comme une société de vente direct proposant uniquement des présents en ligne.

Partout où ils se sont installés, les agents de cette empire devenue persona non grata dans de nombreux pays d’Afrique, font miroiter aux clients un système rentable.” Les consommateurs qui achètent sont invités à aller faire de la publicité auprès de leurs proches et amis s’ils veulent toucher par la suite des primes“, a expliqué un responsable du Qnet. Si on réussit à convaincre des nouveaux clients, on devient alors ce qu’on appelle “représentant indépendant”. Mais pour jouir d’un tel statut, il faut impérativement acheter un produit dont le coût est évalué à 375 000 francs.

Enrichissement rapide

Ces représentants doivent à tout prix chercher des nouveaux adhérents pour venir intégrer et acheter. Ceux-ci sont tenus de ramener à leur tour des potentiels clients qui ne peuvent acheter un produit ainsi de suite. Car se donne tous les moyens pour espérer gagner plus de primes. C’est là où repose l’arnaque. Tout le monde est appâté par le gain rapide et facile“, regrette un cadre de la Banque centrale des Comores qui a suivi de près ce dossier.

Pour ce qui est des motifs qui ont été à l’origine de cet engouement, ils sont nombreux selon l’analyse de notre source. ” Ce que les gens ne comprennent pas, c’est qu’en réalité les membres sont rémunérés grâce à l’argent des nouveaux venus et non sur la base des bénéfices tirés d’un placement financier encore moins d’une activité commerciale quelconque. Les agents feront le nécessaire pour bien payer les premiers membres pour qu’ils fassent une bonne publicité“, a poursuivi notre source. Pour certains, la première source de cet enrôlement est le désespoir qui a poussé de nombreux à se lancer aveuglement.

Ici des proches réclamaient la libérations de leurs frères arrêtés

Des familles qui avaient même vendu des terrains se sont retrouvées ruinées. ” Moi j’avais récolté l’argent qu’il fallait. J’étais prêt à aller verser. Des membres de ma famille avaient compris le principe et embrassé l’idée. Mais je me suis rétracté lorsque les rumeurs d’une probable fermeture me sont parvenues“, a témoigné, Ali, un enseignant d’arabe.

Désespoir

Ce dernier a été séduit par un ami ingénieur lequel n’a pas souhaité faire de commentaires après ce qui s’est passé. Al-watwan a également tenté de joindre un chef religieux qui faisait la promotion de Qnet en vain. ” Qui refuserait de gagner de l’argent facilement. Personne. Moi-même, on me promettait un salaire de 100 000 francs par semaine. Voilà pourquoi je n’ai pas hésité“, a ajouté Ali Djambae. Pour autant, il n’y a pas que les commissions promises qui étaient source de cette attraction. Les produits mis sur le marché étaient présentés comme miraculeux et vertueux avons-nous découvert. Un agent de l’Anacep en fais même les frais.

Jusqu’à maintenant, ce dernier qui a intégré le réseau depuis juillet dernier a acheté une machine de traitement d’eau plus qu’efficace selon ses mots et dont il aime vanter la qualité. Il n’a jamais touché les primes promises. ” Cette société et ses adhérents profitent non seulement de la naïveté de la d’une population paupérisée en l’endoctrinant mais aussi du vide de nos législations “, a résumé notre source de la Bcc.

Selon toujours les témoignages obtenus, la plupart des adhérents sont des étudiants sortants de l’Université, qui se retrouvent sans emploi et qui y vont par là un moyen de de s’enrichir. C’est donc à cause de ces “abus” que le gouverneur que la Bcc a exigé la cessation de toutes les activités de Qnet. Les investigations se poursuivent.

By Abdou Moustoifa

Journaliste comorien exerçant à Al-watwan, le premier journal des Comores. Depuis trois ans ans, il se charge des ces deux rubriques : l’éducation et les télécommunications.

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