Ce programme lancé en 2010 par la fondation l’Oreal en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour la science et la culture récompense chaque année depuis 11 ans, les vingt scientifiques africaines brillantes ayant excellé dans leurs recherches académiques. C’est la première fois qu’un comorien reçoit ce prix.
Son nom et son visage figurent désormais sur le site de l’Unesco aux côtés des autres scientifiques du continent Africain qui ont marqué l’année pour leurs travaux. Sélectionnée parmi les 20 lauréates du prix jeunes talents d’Afrique, Haifaou Younoussa, devient la première comorienne à recevoir une telle consécration. La chaine Tv5 ayant remarqué cela, n’a d’ailleurs pas tardé à lui consacrer un portrait après la publication de la liste des vingt scientifiques du programme régional L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science en Afrique subsaharienne. Cette 11ème édition met à l’honneur 15 doctorantes et 5 post doctorante issues de 16 pays d’Afrique dont les Comores.
Depuis 2010, la fondation L’oreal et l’Unesco, récompensent des ingénieures, des informaticiennes ou des biologistes dont les recherches se penchent sur la résolution d’un défi du continent tel la mortalité infantile, la tuberculose. La comorienne Haifaou Younoussa elle a consacré ses travaux sur les anomalies chromosomiques et moléculaires associés à des troubles du développement sexuel pendant la période prénatale et postnatale. En shikomori on les appelle des ” Ntchole“, des personnes dont on n’arrive pas à identifier le sexe.
Une fierté
” Mes recherches se focalisent sur les troubles du développement sexuel. Ces affections atteignent en grande partie les organes génitaux externes et il est impossible de les classer dans le genre masculin ou féminin. Donc j’étudie les chromosomes et les gènes de ces enfants pour déterminer leur sexe réel“, a expliqué la chercheure de 28 ans qui a répondu à nos questions. Son crédo ? Résoudre cette énigme entourant ces problèmes qui qui touchent plusieurs millions de personnes à travers le monde.
” Mes travaux consistent à déterminer les raisons pour lesquelles des personnes naissent avec ces handicaps. Pour cela il va falloir aller un peu plus loin en analysant les cellules. Si au final on découvre qu’il s’agit d’un garçon ou une fille, pourquoi il était difficile de déterminer“, a détaillé la scientifique qui compte rêve revenir au pays dès qu’elle aura soutenu sa thèse. Les analyse des patients atteints de ces ambiguïtés sexuelles ne sont pas à la portée de tous les pays. Elles sont coûteuses. ” J’espère contribuer à les rendre accessibles“, dixit Haifaou, considérée comme une fierté nationale. Les messages de félicitation pleuvent sur les médias sociaux depuis que les comoriens l’ont découverte sur la liste des 20 lauréates du “prix jeunes talents d’Afrique” de l’Unesco.
Rêve d’enfance
Native d’Iconi ya Bambao, Haifaou Younoussa a décroché son baccalauréat D avec en 2011 à l’Ecole Ibn Khaldoun, où elle a passé toute sa scolarité. Rêvant de faire médecine, elle a malheureusement passé une année blanche. Lorsque son voyage vers la grande île est tombé à l’eau, la chercheuse a décidé d’aller à l’Université des Comores où elle a obtenu en 2015 une licence dans le département de la science de la vie à la Fst. Au pays de la Teranga, la jeune s’inscrira dans la faculté de médecine de la célèbre Université Cheikh-Anta- Diop. Son master se focalisera sur la cytogénétique [étude des phénomènes génétiques au niveau des cellules] .
” J’ai toujours rêvé de devenir docteure depuis toute petite, et heureusement mes parents à qui je dédie ce prix m’ont toujours soutenu. Et ça fait toujours plaisir d’être sélectionnée pour faire partie des scientifiques du continent. J’espère que cela va me permettre de terminer mon doctorat et surtout elle va m’ouvrir les portes à des opportunités de recherche post doctorale“, a déclaré Haifaou. Les lauréates du prix jeunes talents d’Afrique reçoivent une aide financière de 10 000 euros pour les doctorantes et 15 000 pour les post-doctorantes.