Comores : Les établissements publics se vident de leurs élèves

Ce phénomène ne concerne pas seulement les collèges. Selon le dernier rapport de l’inspection générale de l’éducation nationale, les effectifs des lycées publics implantés dans l’ile de Ngazidja connaissent depuis 2015 une régression de 40%.

Le lycée de Moroni

Abdou Moustoifa

On le dit trop souvent, l’éducation nationale souffre de plusieurs maux. Et c’est ce que vient de confirmer le dernier rapport sur la rentrée 2019_2020, élaboré par l’inspection générale de l’Education nationale (Igen), rendu public il y a un mois. Selon les conclusions de cette enquête remise au ministère de l’Education nationale, l’enseignement primaire et secondaire est malade.

Parmi les anomalies répertoriées se trouve la diminution des effectifs dans les collèges et lycées publics. Si dans les autres îles on remarque une progression timide des élèves, c’est loin d’être le cas au niveau de Ngazidja.

Pour les lycées par exemple, les inspecteurs révèlent une dégringolade considérable et inquiétante de l’effectif. Entre 2015 et 2019, le nombre d’élèves est passé de 5611 à 3383. Soit diminution de 40% en quatre ans au niveau de l’île. Enorme.

Baisse de 50% à Ngazidja

Les collèges aussi ne sont pas épargnés. Toujours à Ngazidja, pour la même période, les effectifs ont chuté de 50% déplore ce rapport dont Al-watwan a pu se procurer une copie difficilement.

Si aucune mesure n’est prise dans les mois à venir, préviennent les inspecteurs, alors l’enseignement secondaire public risque de se concentrer sur les zones urbaines et périurbaines“, alertent-ils. Sur le plan national, un quart des collèges publics possède un effectif d’élèves en dessous des normes requises pouvait-on y lire.

À Ndzuani par contre, les effectifs sont nombreux par rapport à la moyenne nationale. Pour inverser la tendance et permettre à ces établissements de remplir leurs missions, le rapport suggère à ce qu’il y ait urgemment une mise en norme.

Les recommandations reformulées sont entre autres : la formation et l’appui des structures de gouvernance et de pilotage locales à savoir l’administration scolaire et le conseil d’administration.

La mise en place d’équipes motivées et imprégnées de la nouvelle orientation du gouvernement et des nouvelles innovations en matière éducatives afin de redynamiser l’école publique est nécessaire propose les enquêteurs.

Il faut former les enseignants de ces établissements aux nouvelles pratiques pédagogiques afin de stimuler l’engouement des élèves à l’apprentissage et à la découverte scientifique. Doter les établissements de moyens nécessaires pour démarrer ces changements en mobilisant les fonds propres et les fonds des partenaires dans une démarche de transparence et d’efficience“.

Abandon, absence d’entretien

Les causes de cette désertion sont nombreuses à l’instar du laisser-aller observer dans ces établissements publics, abandonnés à leur sort. Non-respect des cartes scolaires, la décrépitude de ces lieux d’enseignement, expliquent aussi ce manque d’élèves.

Un autre facteur souligné dans ce rapport :  l’implantation des lycées et collèges dans les régions. L’ouverture anarchique des lycées surtout à Ngazidja est un secret pour personne. Au final, les effectifs sont négligeables. ” Le lycée de Mitsamihuli qui compte 144 élèves doit fusionner avec Mahad dont l’effectif du lycée n’excède pas 33 pour donner naissance à un lycée d’enseignement général et technique” suggère le rapport.

Les 36 lycées publics comoriens ne bénéficient pas de programme d’entretien ni mobiliers ni locaux, notent les inspecteurs.  Les réhabilitations et dotation en matériel pédagogique sont dans la plupart des cas à l’initiative des responsables des établissements appuyés par des organisations non gouvernementales ou autres partenaires de l’éducation précisent-on.

En 2018, 13 lycées ont bénéficié une dotation de 143 ordinateurs, 13 vidéoprojecteurs sur les 600 ordinateurs, et les 60 dans le cadre du projet RCIP4.  Toujours sur le volet entretien, les collèges (Ils sont 69 au niveau national) sont aussi laissés à l’abandon.

Construits entre 76 et 78, peu d’entre eux ont pu être réhabilités. Les autres se trouvent dans un état déplorable et pose des problèmes de sécurité. Autant de facteurs qui contribuent à cette fuite d’élèves.

By Abdou Moustoifa

Journaliste comorien exerçant à Al-watwan, le premier journal des Comores. Depuis trois ans ans, il se charge des ces deux rubriques : l’éducation et les télécommunications.

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